UNE BRÈCHE EST POSSIBLE, par François Leclerc

Billet invité.

Le dos au mur, à force de détermination, le gouvernement grec est en passe d’ouvrir une brèche qui reste à concrétiser.

Depuis l’échec de la dernière réunion de l’Eurogroupe, des discussions présentées comme « techniques » ont préparé la prochaine rencontre de lundi. Avec les représentants des créanciers de la Grèce – l’appellation Troïka est abandonnée – priorité a été accordée à l’analyse des mesures que le gouvernement grec pourrait prendre dans les six mois à venir, s’il n’était plus exigé qu’il sollicite une extension du plan de sauvetage qui se termine. L’exercice a consisté à associer des mesures prévues dans le programme gouvernemental grec à d’autres précédemment imposées afin de conclure ce plan de sauvetage, de chiffrer l’ensemble et de lui faire correspondre un excédent budgétaire primaire réaliste.

Il est peu probable qu’un accord à ce propos puisse intervenir demain lundi, mais la réunion de l’Eurogroupe pourrait permettre de faire apparaître des points de convergence et de divergence. Restera à résorber ces derniers, sachant que le gouvernement grec a d’ores et déjà fait savoir les lignes rouges qu’il ne franchira pas, entendant notamment rétablir le droit du travail tel qu’il était originellement. Puis à entériner cette formule de transition entre le second plan de sauvetage et un troisième plan à venir, qui devra traiter du traitement réservé à la dette grecque. Faute de l’adoption d’une telle passerelle, il n’y aura plus comme seule issue que de ne rien décider et de passer directement à la négociation du nouveau plan, ce qui laissera quelques semaines au plus pour y parvenir. Cette option a été évoquée par des hauts fonctionnaires bruxellois, mais elle est risquée. Car si le temps que peut tenir financièrement le gouvernement grec est compté il ne peut pas être mesuré, tout dépendant notamment des banques qui seront laissées sans protection par la BCE à la fin du mois

On connaîtra plus tard les dessous de l’affaire afin d’éclairer la position prise par les uns et les autres, notamment celles du FMI et de la BCE. L’interview de Jean-Claude Juncker à France 24 aura toutefois été notée, au cours de laquelle il a déclaré « on a critiqué avec raison la Troïka », notamment « en ce qui concerne la légitimité, la responsabilité démocratique des organes et des institutions qui la composent ». Le gouvernement allemand et ses alliés se retrouvent désormais pris à contre-pied par le nouveau tour qu’ont pris les négociations. Martin Jäger, le porte-parole du ministère des finances, avait fait précédemment savoir que « nous nous efforçons avec détermination d’arriver à une solution commune » et que « nous sommes sur un mode très constructif », prêts à discuter des « contours » d’un programme, mais toujours à condition qu’il s’inscrive dans le cadre d’une extension de l’actuel…

Témoignant de ses intentions sur les privatisations et pour se donner des marges de négociation, le gouvernement grec a depuis « gelé » l’accord de privatisation des aéroports grecs signé avec l’opérateur allemand Fraport, « afin de réexaminer son contenu » et de s’assurer qu’il « sert au mieux l’intérêt général »… Le bras de fer continue. « Notre position basée sur la logique est forte, et conduira à un accord, même à la dernière minute, voire après la dernière minute », a déclaré aujourd’hui Yanis Varoufakis, précisant que « il n’y a pas de plan B ».